• 18 MARS 2021 : 150 ANS DE LA COMMUNE DE PARIS

    Jean-Luc Porquet, dans « Le canard enchaîné » du 24/2/2021 écrit : « Aujourd’hui encore, on connaît mal cet épisode. Il est bref, tragique, lumineux, confus, dérangeant, mythifié, magnifique, controversé, plein d’espoir, et de honte et de rêve et de sang »

    Quant à Jacques Rougerie, il précise : « Toutes les révolutions socialistes du XX ème siècle se sont voulues filles de l’insurrection parisienne de1871 »

    Le 18 Mars 1871 : une étincelle qui a mis le feu aux poudres à Paris……..

    La commune de Paris commence par la réaction des parisiens face à la décision d’Adolphe Thiers de récupérer les canons de la garde nationale entreposés sur la butte Montmartre.

    C’est une journée spontanée qui n’a été ni organisée, ni décidée à l’avance, ni planifiée par une instance révolutionnaire. C’est la réaction de citoyens dans une France à genoux face à la Prusse, dans une capitale, Paris, meurtrie et affamée et face à une république proclamée le 4/9/1870, certes jeune mais aux mains des monarchistes majoritaires à l’Assemblée nationale.

    Très vite, une journée insurrectionnelle commence après la fraternisation entre la population, l’armée et les gardes nationaux et après la multiplication des barricades dans Paris. Adolphe Thiers et son administration fuient à Versailles et le comité central de la garde nationale s’installe à l’hôtel de ville dans l’attente des élections futures

    …..et en province

    Toute une série de mouvements communalistes apparaissent dans les grandes villes : Lyon, Marseille, Narbonne, Toulouse, Saint Etienne, Le Creusot.

    L’insurrection parisienne du 18/Mars 1871 : l’évènement le plus médiatisé dans le monde

    Grace notamment au développement du câble transatlantique qui accélère la transmission de l’information, la nouvelle de l’insurrection de Paris se répand comme une traînée de poudre dans le monde entier. Des pays comme l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Bolivie, le Mexique, les Etats-Unis, mais aussi l’Allemagne, la Chine, la Russie, les Indes, l’Australie et le Canada suivront jour après jour jusqu’au 28 Mai 1871 l’évolution de cette insurrection à Paris.

    72 petits jours pour « changer la vie »

    Le 26 Mars 1871 a lieu l’élection de la Commune de Paris qui est officiellement proclamée le 28 Mars 1871 à l’hôtel de ville.

    L’organisation du travail, l’éducation et l’école, la démocratie directe et participative, la liberté d’association, le droit au travail des femmes sont les principaux domaines dans lesquels la Commune de Paris s’est investie pour répondre aux préoccupations des populations.

    Parmi les grandes réformes décidées par la Commune de Paris, on trouve :

    • L’école gratuite, obligatoire et laïque pour tous, filles et garçons.
    • La séparation des Églises et de l’État et la suppression du budget des cultes.
    • L’augmentation des salaires des institutrices et instituteurs, fixés à 2000 francs.
    • La suppression de la catégorie des enfants « illégitimes » nés hors mariage.
    • La reconnaissance de l’union libre.
    • L’abolition de la conscription.
    • La suppression du travail de nuit pour les boulangers.

    D’autres mesures n’auront pas le temps de voir le jour :

    • La gratuité de la justice et l’instauration de jurys élus.
    • L’attribution à des associations ouvrières des ateliers abandonnés par les patrons « déserteurs ».
    • La mise en place du crédit industriel et ouvrier.

    Même parcellaires, certaines de ces mesures préfigurent l’œuvre de la III ème République à partir de 1877 quand la gauche sera majoritaire à l’Assemblée.

    La fin de la Commune de Paris

    C’est la « semaine sanglante », du 21 au 28 Mai 1871, pendant laquelle les versaillais, pour reconquérir Paris, se livreront à une répression implacable au cours de laquelle l’armée se livrera aux pires carnages. On ne saura jamais le nombre exact de morts mais les historiens l’estiment entre 20 000 et 30 000 fusillés par l’armée de Thiers. Louise Michel a vu dans ces massacres une « curée froide ». La justice, dès le 7/8/1871 poursuivra impitoyablement les communards : selon Jacques Rougerie, 36 309 arrestations dont 251 femmes, 10 137 condamnations dont 4586 déportations en Nouvelle-Calédonie et 4727 emprisonnements.

    Que reste-t-il de la Commune de Paris ?

    Comme le précise Michel Winock, historien, il faudra attendre le Front populaire et la victoire de la gauche pour que « la Commune réintègre officiellement l’histoire nationale ». Léon Blum déclarera le 24/5/1936 : « La commémoration des morts de la commune dira l’espoir vivant des hommes d’aujourd’hui. Ils sont morts pour la liberté. Ils sont morts pour la justice sociale. Ils sont morts pour la République »

    A partir de 1981, sous l’impulsion de François Mitterrand, la Vème République réintègre la Commune dans le roman national et républicain et la gauche manifeste sa fidélité à 1871 (Pierre Maurois au mur des fédérés). C’est grace à la gauche au pouvoir qu’en 1983 le mur des fédérés est classé monument historique. Enfin, sous François Hollande, un groupe de députés socialistes propose une résolution pour « rendre justice aux victimes de la répression de la Commune de Paris ». Pendant cette même période, le projet de panthéonisation de Louise Michel n’aboutira malheureusement pas.

    La réintégration de la commune de Paris dans l’Histoire est un pas important mais à quand l’amnistie totale et entière de la Commune ? C’est peu probable aujourd’hui sous Macron et le 150ème de cette période exceptionnelle de l’histoire de la France n’y suffira certainement pas.

    Pierre Bouhours

    Sources : Le canard enchaîné du 24/2/2021, article de Jean-Luc Porquet dans la rubrique « lettres ou pas lettres », Numéro spécial de « l’histoire » 1871-2021 150ème anniversaire consacré à la Commune, notamment : référence aux ouvrages de Jacques Rougerie, Michel Winock, historiens.   

    « "Quand les femmes sont devenues citoyennes"Soutenons le cinéma Pandora »

  • Commentaires

    1
    vandamme
    Jeudi 18 Mars 2021 à 17:12

    La commune a initialisé bon nombre de réformes qui ne verront le jour que bien plus tard : séparation de L'Etat et des Eglises, égalité femmes/hommes, place des syndicats dans les entreprises, association ouvrière des ateliers (les ESS), écoles gratuites obligatoire et laïque, ... certaines restent encore à mettre en oeuvre. 

    Elle a aussi montré que "la prise du pouvoir du prolétariat" nécessitait de la préparation et de l'organisation et non de l'improvisation permanente. 

    La répression des "Versaillais" fut impitoyable, ce qui montre le danger que présentait la Commune à leurs yeux. 

    Il faut réhabiliter l'histoire de la Commune, et les mots de Léon Blum sonnent justes. 

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