• "Quand les femmes sont devenues citoyennes"

    Nous reprenons ici intégralement cet article paru dans le journal l'Humanité le 26/03/2014.

     

    « Najat Vallaud-Belkacem recevait, lundi (24/03/2014), une classe du lycée Lucie-Aubrac, de Pantin, en Seine-Saint-Denis, pour célébrer le soixante-dixième anniversaire du droit de vote des femmes.
    C'est un véritable cours d'histoire qu'écoutent les élèves, sans broncher. Il n'y a pas de tables, pas de bureau, juste des bancs alignés face à deux historiennes et une ministre en guise de profs d'un jour. On est au ministère des Droits des femmes. Najat Vallaud-Belkacem a invité, lundi après-midi, une classe du lycée Lucie Aubrac, de Pantin, en Seine-Saint-Denis, pour célébrer le soixante-dixième anniversaire du droit de vote des Françaises.
    C'était le 21 avril 1944

    Des interrogations de bon sens. 

     Un regard sur le passé "pour faire revivre les premiers hommes et les premières femmes qui se sont battus pour que ce que certains appelaient à l'époque le "sexe faible" puisse avoir entre les mains un bulletin de vote", précise la ministre des droits des femmes, debout devant une affiche d'un Fernand Grenier rayonnant. Ce député communiste a marqué l'histoire des Françaises en déposant l'amendement qui, adopté le 24 mars 1944, faisait des femmes des citoyennes à part entière. Un an plus tard, elles votaient pour la première fois. Et trente-trois élues entraient pour la première fois à l'Assemblée nationale. Les élèves, toutes des jeunes filles, en terminale pro "accompagnement soin et service à la personne", suivent attentivement les explications, avant de se lancer dans un jeu de questions-réponses. Avec leur professeur, elles ont révisé cette période de l'histoire, enseignée en première. "On a épluché tout ce qui pouvait concerner Fernand Grenier, indique Malika Ayadi, leur enseignante. Cécilia, Samia, Marine, Anissa et d'autres lycéennes interviennent émues. Les historiennes, Anne-Sarah Bouglié et Florence Rochefort, sont abreuvées de questions sur hier et aujourd'hui. Des interrogations de bon sens, comme celle-ci :"En 1944, quels étaient les arguments des politiciens qui s'opposaient au droit des femmes?" ou encore :"Pourquoi est-il rare qu 'une femme soit élue présidente de la République encore aujourd'hui?"

    L'amendement Fernand Grenier, un texte sans ambiguïté : "Les femmes seront électrices et éligibles, dans les mêmes conditions que les hommes" suscita de vives oppositions retranscrites, en partie je suppose, sur le site du "Ministère chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances" (
    www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr).
    Un compte-rendu qui répond à la question posée par les lycéennes :"En 1944, quels étaient les arguments des politiciens qui s'opposaient au droit de vote des femmes ?"

    "Les interventions de Monsieur Paul Giacobbi :"Pensez-vous qu'il soit très sage dans une période aussi troublée que celle que nous allons traverser que de nous lancer ex abrupto dans cette aventure que constitue le suffrage des femmes ?" ou encore Monsieur Bissagnet :  "L'amendement Grenier amènera un déséquilibre très net, car il y aura deux fois plus de femmes que d'hommes qui prendront part au vote. Aurons-nous donc une image vraie de l'idée du pays ? En raison de ce déséquilibre, je préfère que le suffrage des femmes soit ajourné jusqu'à ce que tous les hommes soient rentrés dans leurs foyers, et c'est pourquoi je voterai contre l'amendement" étaient représentatives des positions de certains des membres de cette Assemblée Consultative provisoire. On entendit beaucoup d'arguments spécieux de procédure pour faire obstacle aux droits de vote et d'éligibilité des femmes.

    Heureusement, le courage et la détermination d'autres délégués permirent de contrebalancer ces résistances. "Quand il s'agit de jeter les femmes dans le creuset de la guerre, est-ce que nous attendons ? Sera-t-il dit toujours que l 'on exigera de nos compagnes l'égalité devant l'effort de la peine, devant le sacrifice et le courage, jusque devant la mort sur le champ de bataille et que nous mettrons des réticences au moment d'affirmer cette égalité". (Robert Prigent, syndicaliste chrétien, membre du parti démocrate populaire"
    L'amendement sur le droit de vote et d’éligibilité fut fermement défendu par le député Grenier et grâce à sa ténacité, l'article 16 de l'amendement fut adopté le 24 mars 1944 à la majorité de 51 voix contre 16 sur 67 votants et devient l'article 17 de l'ordonnance du 21 avril 1944 signée par De Gaulle."

    Journal « l’Humanité » du 26/03/2014

     Proposé par Jean Présent.

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