• la réforme des retraites - Points de débats

    la réforme des retraites - Points de débats Il ne s’agit pas ici d’être exhaustif sur cette réforme, qui s’avère complexe dans ces détails, mais de donner quelques points de réflexion de façon synthétique. Chaque point mériterait d’être développé.

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     1. Hypothèses économiques incertaines

    Cette réforme repose sur des projections sur plusieurs dizaines d’années, basées sur un ensemble d’hypothèses économiques forcément difficiles à appréhender. Par exemple concernant les hypothèses sur l’évolution de l’espérance de vie : « Le déficit déjà modeste en 2027 (12 milliards d’euros) serait pratiquement résorbé pour la bonne raison que moins de progrès de l’espérance de vie se traduit par moins de personnes âgées. » Hervé Le Bras, démographe voir le monde du 4-02-2023

    Evolution de la démographie, de l’espérance de vie, de la croissance économique, du taux de chômage ou d’un événement imprévisible (crise financière, pandémie…), autant de paramètres qui pourraient bouleversés ces projections. Restons donc modeste vis-à-vis de toutes ces projections.

    2. Il n’y a pas de dérapage des dépenses de retraites par rapport au PIB à l’avenir

    Le rapport du COR (Conseil d’orientation des retraites) est formel : avec les hypothèses économiques fournies par le gouvernement les dépenses des régimes resteront stables. Elles représentent durablement 14 % du PIB. 

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     Actuellement excédentaire (+3.2 Mm€/an), le déficit du régime de retraite va devenir déficitaire pour les prochaines années (entre 12 et 20 MM€/an : 0.5% à 0.8% du PIB) en raison d’une baisse des ressources pour revenir à l’équilibre. Il existe de nombreuses solutions pour réduire ce déficit.

    3. La politique d’Emmanuel Macron et du gouvernement est de baisser la dépense publique sans augmenter la pression fiscale

    La réforme des retraites proposée permet de réduire la dépense publique sans augmenter la pression fiscale : sa mise en application réduirait d’environ d’un point la part des dépenses de retraite dans le PIB (il passerait de 14% à 13%).

    C'est une manière de répondre aux demandes des marchés financiers et de la commision européenne. 

    Par ailleurs il y a la croyance que cette réforme créera plus de travail et donc plus de richesse, ce qui est loin d’être démontré. 

    L’émission de France Inter du 7 février 2023 avec deux économistes nous l’explique très bien ce point.

    4. Mesure d’âge : la retraite à 64 ans voire 65 ans

    Après avoir décrié toute mesure d’âge ("Reculer l'âge légal qui est aujourd'hui à 62 ans ? Je ne crois pas" Emmanuel Macron en 2019), Emmanuel Macron veut reporter l’âge de la retraite à 64 ans voire 65 ans. Pourquoi ? 

    Pour des raisons financières : c’est la mesure qui a « l’efficacité budgétaire la plus forte » Olivier Dussopt. Brutale et donc injustifiée pour la gestion des caisses de retraite, mais elle permet des économies rapides sur les dépenses publiques. 

    5. Une réforme injuste

    Les personnes impactées par la réforme sont les personnes qui verront leur âge de retraite repoussé ou auront des retraites amputées de décotes importantes. Il s’agit des classes les plus démunies et des classes moyennes : celles qui aujourd’hui ont déjà des durées de retraites plus faibles (15 ans) que les classes aisées (22 ans).

    Sans compter que, compte-tenu du non emploi des seniors et de l’abaissement de la durée du chômage, bon nombre de personnes vont se retrouver en situation précaire en attente de la retraite.

    Les femmes avec des carrières partielles, des salaires moindres, …. sont particulièrement touchées. 

    6. Les mesures compensatoires de la réforme

    Ce qui est présenté comme un progrès par le gouvernement n'est souvent qu’une reconduction de la situation actuelle pour des personnes qui se trouveraient en situation dramatique si la réforme s’appliquait à leur situation.

    Le minimum à 1200 € pour les retraites ne concernent pas l’ensemble des retraités : avoir l’âge légal, avoir tous ses trimestres, nouveaux retraités, … autant de restrictions qui s’appliquent.

    Les économies dégagées par la réforme (18 MM€) devraient en partie financer ces mesures d’accompagnement (4,2 MM€). Mais attention « si on se retrouve avec une réforme qui dépense plus que cela rapporte, ce sera un échec » dit un député de la majorité. Bercy veille !

    Par ailleurs le financement de ces mesures devrait se faire aussi en prenant sur la caisse des accidents du travail (alors que tout le monde le sait, tout est fait pour ne pas déclarer les accidents du travail comme tel ! )

    7. D’autres dispositions sont possibles

    Sans être exhaustif, d’autres mesures méritent d’être examinées pour réduire le déficit pressenti :

    • Augmenter les salaires : cela ferait entrer plus de cotisations dans les caisses de retraites
    • Augmenter le taux d’emploi des seniors : là encore plus cotisations
    • Arrêter d’exempter de cotisations toute une série de mesures : heures supplémentaires, primes de toutes sortes

     

    D’autres mesures permettraient de réduire le déficit budgétaire :

    • Rétablissement de l’impôt sur la fortune
    • Imposition des superprofits,
    • Suppression de la « flat tax » qui permet de moins imposer les revenus du capital que ceux du travail.
    • … 

     

    Conclusion

    Cette réforme est une réforme de réduction des dépenses publiques libérale par une régression sociale importante, tout en cherchant à maintenir un coût du travail faible, et des taux d’imposition en baisse.  Ce n’est pas une réforme technique, mais essentiellement une réforme politique.

    Elle est profondément injuste car elle impacte essentiellement les classes les plus défavorisées et les classes moyennes sans concerner les classes les plus aisées.

     

    Il nous faut obtenir le retrait de cette loi. Cela ne veut pas dire qu’il ne convient de ne rien changer : il faut reprendre la négociation avec les organisations syndicales avec comme base :

    • Pas de baisse de dépenses des retraites par rapport au PIB,
    • Amélioration des basses retraites,
    • Amélioration des taux d’emploi, notamment des seniors,
    • Amélioration des salaires, notamment celui des femmes,
    • Amélioration des conditions de travail,

     

    Plus philosophiquement, il faut cesser d’avoir une approche purement économique dans un monde capitaliste et demander des efforts toujours au mêmes pour maintenir les taux de profit de certains, mais résolument se placer à la recherche d’un monde meilleur,  plus humain. 

    Marc-Noël Vandamme 

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