• La sous-traitance : le cas de la fibre optique

    La sous-traitance est souvent utilisée par les entreprises pour exploiter plus fortement les travailleurs et conduit souvent à des dysfonctionnements dont pâtissent les utilisateurs,  le cas du déploiement de la fibre optique en est un exemple particulièrement parlant. 

    La sous-traitance est parfois souhaitable : lorsqu’une entreprise ne dispose pas des ressources nécessaires pour accomplir une tâche quoi de plus naturelle que de la sous-traiter à une autre entreprise plus compétente.

    Il faut quand même, avant de sous-traiter, se poser quelques questions :

    • La tâche que l’on souhaite sous-traiter est-elle pérenne ? soit dans le temps (on aura souvent besoin de l’exécuter) soit d’un point de vue stratégique (la vie de l’entreprise peut dépendre de sa bonne exécution). Auquel cas il pourrait être souhaitable pour l’entreprise d’acquérir en interne les compétences nécessaires à son exécution. On a trop vu des entreprises comme l’industrie nucléaire sous-traiter des tâches, perdre les compétences en interne et in fine ne plus trouver les compétences en externe pour accomplir ses missions. Le cas de l’entretien des voies ferrées ou des grandes industries sont d’autres exemples de pertes de compétences et d’incidents à répétition.
    • Les entreprises sous-traitantes sont-elles suffisamment nombreuses ?  afin que l’entreprise donneuse d’ordre ne perde pas sa souveraineté et ne finisse par dépendre complétement de cette sous-traitance. Le cas de l'industrie pharmaceutique bloquée par l'absence de composants sur le marché. 
    • Les entreprises sous-traitantes sont-elles suffisamment viables pour garder les compétences nécessaires ? La faiblesse des entreprises sous-traitantes peut entraîner des pertes de compétence et des faillites qui auront des répercutions dommageables sur l’entreprise donneuse d’ordre. Pour cette raison l’entreprise donneuse d’ordre doit prendre soin des sous-traitants pour avoir un service de qualité dans la durée. 

     

    En fait c’est pour des raisons financières, et non pour des raisons techniques, que souvent les entreprises sous-traitent. Les entreprises sous-traitantes exploitent plus leurs salariés : conditions de travail plus difficiles, salaires moindres, et aussi moins de formation… et ceci souvent en raison d’une moindre implantation syndicale dans ces entreprises. Et c’est ce cas qu'il faut combattre car il conduit à : 

    • de mauvaises conditions sociales,
    • une perte globale de compétence,
    • une qualité de service médiocre. 

     

    Le cas de l’implantation de la fibre optique sur notre territoire en est un exemple. 

    Dans le cadre d’une mise en concurrence féroce entre opérateurs, ceux-ci sous-traitent pour des raisons financières les installations (jusqu’à 8 niveaux de sous-traitance). In fine le travailleur en bout de chaine n’a ni les moyens, ni le temps, ni la compétence de faire un travail de qualité. Ce travail bâclé conduit à des dysfonctionnements (Utilisateurs débranchés au profit d’un nouvel abonné, dégradation des armoires de mutualisation, déconnexions temporaires, difficultés de raccordement, ou encore installations sous-dimensionnées par rapport à la démographie locale…) dont personne ne se sent responsable.  

    Certes le Gouvernement est pleinement engagé dans le Plan France Très Haut Débit qui vise à couvrir l’intégralité du territoire en très haut débit d’ici à 2022, puis en fibre optique d’ici à 2025. Mais que fait-il en réalité alors que l’inégalité territoriale est encore forte ?

    Des solutions existent :

    • certification obligatoire pour toute personne intervenant sur les réseaux afin de garantir leurs compétences,
    • limitation des rangs de sous-traitance,
    • mise en place d’indicateurs sur  la couverture du territoire comme la qualité de la couverture,
    • responsabilisation des opérateurs,
    • imposition de normes de qualité,
    • ...

    C’est le sens de la proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale le 8 juillet 2022 notamment par Cécile Rilhac députée Renaissance  d’Herblay ou celle déposé au sénat  par le sénateur communiste Patrick Chaize. 

    On se doit de soutenir ces propositions : c’est ce qu’a fait la municipalité d’Achères en émettant un « vœu » le 7 novembre 2023.  

    Les autres municipalités, dont celle de Conflans-Sainte-Honorine, pourraient en faire autant. 

    On peut douter que le gouvernement fasse quoi que ce soit dans ce sens. C’est contraire à son dogme de libre concurrence et de jeu du marché. On peut penser qu’à terme les sous-traitants défaillants feront faillite, que la guerre entre opérateurs conduira à la disparition de plusieurs d’entre eux, et qu'enfin les consommateurs préféreront les opérateurs de qualité aux opérateurs à bas coût, … Mais le terme peut être lointain et en attendant les travailleurs pourront être exploités et les utilisateurs insatisfaits du service rendu, ….   

    Marc-Noël Vandamme et Jean-Luc Huet 

    « Emmanuel Macron persiste dans sa politique de droite. A la mémoire d'Isaac Pournik »

  • Commentaires

    1
    Huet
    Mardi 16 Avril à 20:12
    Correction Le sénateur Chaize n est pas pcf mais lr Rilhac est députée larem ! Ceci dit c'est 2 projets de loi sont bloqués en navette parlementaire ! Nul doute qu il feraient unanimité transpartisane sans 49'3
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