• Laïcité: La période de 1876 à 1904 (Partie IV)

    LA PERIODE DE 1876 A 1904 

     De 1876 à 1902

    Après la fin tragique de la Commune de Paris en mai 1871, la période qui suit a été une période de retour à l’ordre moral. A partir de 1876, c’est la gauche qui retrouve l’assemblée.

    Pour les républicains, le Concordat reste le cadre des relations entre l’Eglise et l’Etat. En effet, avant d’envisager une séparation, ils préfèrent d’abord laïciser progressivement l’Etat et la société civile.

    ·         Municipalisation des Pompes funèbres

    ·         Municipalisation des cimetières

    ·         Garantie des libertés publiques (1881)

    ·         Laïcisation des personnels hospitaliers (1881)

    ·         Rétablissement du divorce (loi Naquet 1884)

    ·    Suppression des prières publiques ouvrant les sessions parlementaires (1884)

    Cette laïcisation est très importante et est comparable à celle qui avait été entreprise pendant la Révolution. Cependant, c’est l’école qui constituera le principal vecteur de laïcisation, l’école laïque étant considéré par les hommes de la III ème République, comme un « pilier républicain » :

    ·       Parce que l’école, l’instruction et l’enseignement  sont les domaines dans lesquels l’Eglise disposait, depuis des siècles, d’un pouvoir sans partage. Dans les années qui précédaient, le nombre des congrégations n’a cessé d’augmenter et cette évolution a été encouragée par des gouvernements dominés par l’Eglise catholique en France et à Rome).

    ·      Parce qu’il faut arracher au clergé ces pouvoirs exorbitants et mettre en place une école laïque qui protège les enfants (les futurs citoyens de la République) de tout dogmatisme et forge des citoyens libres, égaux et fraternels, en référence à la devise de la République.

    Au regard de l’école, la III ème République a réalisé une œuvre immense, libéré les écoles du pouvoir et du contrôle du clergé et mis fin au monopole et à l’influence malfaisante car antirépublicaine des congrégations.

    ·    1882 : Lois Jules Ferry (1832-1893) sur l’instruction primaire, laïque,  gratuite puis obligatoire, en laïcisant l’enseignement, les programmes et les manuels scolaires.

    ·     1886 : Loi Goblet (1858-1935) qui confie l’enseignement à un personnel exclusivement laïque et qui remplace les « salles d’asile » par de véritables « écoles maternelles ».

    Le parti conservateur et l’Eglise catholique dénoncent  le caractère de persécution de ces lois. Cependant, ces dernières rassurent les athées et les religions minoritaires qui s’estiment libérés  de la tutelle et de l’influence du catholicisme.

    Après 1876, la III ème République aura une politique courageuse et ferme vis-à-vis de l’Ecole (une politique qui, au moins dans l’esprit, aurait pu inspirer les gouvernements, notamment ceux de gauche sous la V ème République, ce qui n’a, malheureusement pas été le cas). 

    En parallèle, la III ème République s’attaque aux congrégations religieuses. Avant les mesures qui seront  prises à partir de 1880, il y avait en 1876, plus d’enseignants religieux que d’enseignants laïques et plus d’élèves dans les collèges religieux que dans les lycées d’Etat.  On dénombre 55 000 prêtres et 150 000 religieux et religieuses.

    Quant aux congrégationnistes, on en compte 158 000 qui enseignent à plus de 2 millions d’élèves, parfois en dehors de tout cadre légal et souvent dans un esprit antirépublicain.

    La loi de 1901 sur les associations prévoit pour les congrégations un régime d’exception : nécessité d’une autorisation qui s’applique en 1902 aussi à toute école dans laquelle enseignent des congrégationnistes quel que soit leur nombre.

    Entre 1902 et 1904, sous le gouvernement Combes :

    ·         Toutes les demandes des congrégations sont refusées

    ·         Les congrégations et les établissements scolaires catholiques non autorisés sont fermés  et les religieux et les religieuses sont expulsés.

    ·         Les congrégations enseignantes qui doivent disparaître dans les 10 ans.

    Ferdinand Buisson (1841-1932) déclare « qui n’est pas libre ne peut former des citoyens libres »

    Et il ajoute :

     « Nous n’entendons nullement faire la guerre à l’idée religieuse, encore moins supprimer la liberté religieuse, ce que nous voulons combattre, ce n’est l’idée religieuse, c’est l’idée ecclésiastique, l’organisation cléricale ou plutôt la tyrannie cléricale, c’est surtout l’établissement, au service  de la contrerévolution de tout système de contre-éducation qui, sous prétexte de religion perpétue les superstitions, les préjugés et les fanatismes ».

    Ce qu’Emile Combes (1835-1921) partage : « Ce n’est à la religion que nous nous attaquons, c’est à ses ministres qui veulent s’en faire un instrument de domination ». 

    C’est donc une politique contre la religion et les congrégations qui ne s’inscrit pas dans une volonté de menace de la liberté des religions dans la mesure où :

    ·         Les religieux restent libres de leurs sermons

    ·         Ils restent libres de se mêler aux affaires  publiques en tant que citoyens.

    ·         La liberté de l’enseignement demeure : l’Ecole obligatoire est soit publique, soit privée.

    De1903 à 1904

    Les prémices de la fin du concordat et de son remplacement par la loi de séparation en 1905 tiennent au climat qui s’instaure entre le gouvernement français et le Vatican qui empoisonne les relations nées du concordat :

    ·       Le pape Pie X, successeur de Léon XII, pape conciliant, mène la guerre contre le projet de loi sur les congrégations, projet qu’il qualifie « d’odieuse exception »  qui détruit l’enseignement chrétien et produit une génération d’enfants « sans foi ni morale ».

    ·        Le Vatican rappelle à l’ordre la France, en vertu du Concordat, à la suite de la visite diplomatique du Président Loubet (1838-1929) au Roi d’Italie, Victor-Emannuel II (1820-1878) (Le Vatican n’a pas Rome comme capitale de ses territoires annexés).

    ·         Dans l’éditorial de « l’Humanité » du 17/5/1904, Jean Jaurès (1859-1914) dénonce une « provocation » qui entraine une « rupture diplomatique virtuellement accomplie » et, « L’entière émancipation de la France, débarrassée enfin de toute ingérence politique de l’Eglise, n’est pas seulement la condition absolue de son libre développement intérieur : elle apparaît maintenant comme une nécessité nationale ».

    ·         Sur le plan diplomatique, Emile Combes rappelle l’ambassadeur de France au Vatican, en signe de protestation.

    ·         Deux évêques français sont convoqués par le Vatican qui les soupçonne d’être acquis à la République. La France dénonce cette convocation et demande au pape d’y renoncer, mais sans succès. La rupture des relations entre la France et le Vatican intervient le 30/7/1904 et est approuvée par 480 députés contre 90. Elle entraine la fin du Concordat qu’il faudra remplacer par un autre dispositif : la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Emile Combes annonce officiellement le 4/9/1904, à Auxerre, « Le pouvoir religieux a déchiré le Concordat. En ce qui me concerne  personnellement, il n’est pas dans mes intentions de le rapiécer ».

    A suivre dans un prochain article : «Laïcité partie IV : la loi du 9 décembre 1905 ».

    PB

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