• Marie-Andrée LAGROUA-WEILL-HALLE (1916/1994) et Evelyne SULLEROT (1924/2017)

    Le 7 juillet 1955 s’ouvre à Versailles le procès en révision des « époux BAC » qui avaient été condamnés en juin 1954 à 7 ans de réclusion pour la mort, faute de soins, de leur quatrième enfant.

                Un témoin spontané se présente pour la défense : Marie-Andrée LAGROUA-WEILL-HALLE, gynécologue. Elle met en cause l’état d’épuisement dans lequel se trouvait l’accusée en raison de grossesses trop rapprochées (5 en 5 ans) et difficiles à gérer en raison d’une paralysie du bras droit. Elle y pointe aussi l’hypocrisie de la Loi du 31/07/1920 interdisant toute forme de contraception.

      

    Elle décrit comment dans bien d’autres pays les notions de contrôle des naissances améliorent la vie des couples et l’éducation des enfants. Pour la gynécologue, la loi de 1920 qui érige l’ignorance des techniques contraceptives en « vertu » est à l’origine du drame.

    Elle refait, en termes plus accessibles, la conférence qu’elle a tenue en mars de la même année à l’Académie des sciences morales et politiques. Ses propos, ainsi que ceux d’autres témoins appelés par la défense,  impressionnèrent visiblement la cour et un jugement plus clément fut rendu.

         Marie-Andrée LAGROUA-WEILL-HALLE s’était intéressée dès 1947 aux techniques prônées par Margareth SINGER dans les pays anglo-saxons.

            Mais la loi de 1920, promulguée à l’époque pour repeupler la France après la première guerre mondiale, associée à l’opposition farouche de l’Eglise alliée au Parti Communiste de l’époque (Jeannette VERMEERSCH déclarant à l’Assemblée Nationale  « …..depuis quand les femmes travailleuses réclameraient le droit d’accéder aux vices de la  bourgeoisie ? Jamais ….. »)  restait en vigueur et interdisait tout discours relatif à la contraception.

    Marie-Andrée s’allie alors avec Evelyne SULLEROT et d’autres progressistes pour fonder « la Maternité Heureuse » dont les statuts sont déposés le 8/3/1956.

     Sous couvert d’assurer l’équilibre psychologique du couple et de promouvoir la santé des femmes, cette association va pratiquer une propagande totalement interdite : le contrôle des naissances.

     Quelques années plus tard, cette association deviendra le mouvement du Planning Familial.

     Marie-Andrée en sera la présidente jusqu’en 1966 et Evelyne la secrétaire générale jusqu’en 1958.

     Ces femmes, dont le nom a été éclipsé par celui de Lucien NEUWIRTH (loi sur la contraception), méritent de se voir reconnues comme les libératrices qu’elles furent pour des milliers de femmes.  

    Sources : « Tristes grossesses – l’affaire des époux Bac » Danielle VOLDMAN et Annette WIEVIORKA – éditions  du Seuil en janvier 2019

    Odile BOUHOURS

    « L’urbanisme de nos villes Egalite professionnelle, juste partage des pouvoir, droit à disposer de son corps. »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :