Il y a un siècle, l'auteur de "Batouala" René MARAN fut le premier écrivain noir récompensé par l'attribution du prix Goncourt.

Mais ce Goncourt déchaîne les passions, les journaux de l'époque en font leur ‘UNE’ comme le "petit parisien" qui titre : "c'est la première fois que les noirs jouent et gagnent" 

Certains orateurs exigent que René Maran soit jugé pour avoir mordu la main qui le nourrit (son livre parlant du colonialisme)

Pourtant l'écrivain qu'était René Maran pensait que ce prix pouvait légitimer sa voix et ses positions.

Il est surpris de la violence des réactions envers lui et le contenu de son livre. Ce dernier raconte et observe la vie quotidienne d'un chef de village en Oubangui Chari qui noue une histoire d'amour et une rivalité entre Batouala et un milicien noir au service des colons.

Même si la colonisation n'est pas le sujet principal du livre, la critique n'en est pas moins virulente. Elle provoque la colère des intellectuels et des politiques Français.

17 ans après, René Maran raconte qu'au plus fort des polémiques, une mission d'inspection avait été envoyée au Tchad mais qu'elle ferma les yeux sur tout ce qu'il dénonçait.

Ce n'est qu'en 1927 que l'écrivain André Gide marqué par les écrits de René Maran, publie "voyage au Congo" provoquant alors une prise de conscience sur les horreurs du colonialisme.

René Maran pensait dans un premier temps pouvoir faire changer les choses au sein du système colonial. Malheureusement, durant toute sa vie, il fut écartelé entre sa fonction qui l'assimilait aux colons blancs par son bagage intellectuel français et sa couleur de peau qui l'infériorisait aux yeux de beaucoup.

Cruel hasard, René Maran mourut en 1960 année où de nombreux pays d'Afrique accédaient à l'indépendance.

CENT ANS APRES, COMBIEN D'ENTRE NOUS S'EN SOUVIENNENT ??? 

Nicole  Pradier (source, l'huma quotidienne)