• Sans abri et SDF en France

    La question des sans abri et SDF n’est pas nouvelle, elle se pose depuis de très nombreuses années au point qu’elle a été un point central dans les programmes des élections présidentielles.


    Depuis 2017, les mesures autoritaires du gouvernement et de son président, les crises migratoires, la situation des réfugiés et plus récemment la crise sanitaire, sociale et économique engendrée par le Covid 19 ont fait resurgir la situation des sans abri et SDF. La France comptera plus d'un million de pauvres en 2020 et atteindra un record du taux de pauvreté !!!!!

    Mais combien sont-ils en France ?

    C’est ce que Manuel Domergue, directeur des études à la fondation Abbé Pierre, a estimé il y a quelques jours.
    Selon lui, ils 300 000 en France, soit deux fois plus qu’en 2012 (dernière enquête Insee) et trois fois plus qu’en 2001.

    Encore faut-il s’entendre sur le périmètre de cette notion et préciser ce que recouvre ce chiffre

    Selon l’Insee, la définition des sans abri englobe « toutes les personnes ayant dormi ….dans un lieu non prévu pour l’habitation (sans abri) ou dans un service d’hébergement ».

    Si la comptabilisation de ceux qui sont hébergés dans des centres d’hébergement est relativement aisée, ce n’est pas le cas des sans abri qui sont aujourd’hui en forte augmentation :


    • Dans les « établissements généralistes » (centres d’hébergement d’urgence, hébergement hôtelier, centres d’hébergement et de réinsertion sociale), l’Etat abritait en octobre 2020 180 000 personnes.
    • Dans le cadre du « dispositif national d’accueil (centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA), hébergement d’urgence des demandeurs d’asile (HUDA) et centre d’accueil d’urgence (CAU), 101 000 personnes migrantes, demandeurs d’asile et réfugiés étaient, à la même époque, abritées.


    Cependant, dans l’article qu’il a publié sur le site d’Alternatives économiques le 18/11/2020 Manuel Domergue précise qu’il faut y ajouter :
    • Les personnes «sans abri, dormant sous une tente, dans le métro, dans une voiture » (en 2016 et à Paris 27000 contre 16 000 en 2011)
    • D’autres catégories : 15 000 personnes en bidonville, 100 000 personnes vivant en logement de fortune, 33 000 en chambres d’hôtel qu’ils paient eux-mêmes et 38 000 en sous location de logements loués à des associations.

    Ce qui permet à Manuel Domergue d’en conclure :
    « Ce chiffre de 300 000 est donc véritablement a minima. En réalité, le nombre serait sans doute bien plus élevé si l’on repérait toutes les personnes sans abri…..ainsi que toutes formes d’hébergement financées ou non par l’Etat »

    Pourquoi une dégradation de la situation ?

    Le gouvernement attribue cette dégradation à l’efficacité des mesures prises par l’Etat et notamment à l’augmentation des hébergements et, par conséquent et mécaniquement, au nombre de personnes qui ont pu y être accueillis.
    En réalité, le dispositif n’est pas adapté car il ne permet pas une sortie réelle et définitive de leur condition de sans abri.
    Le dispositif mis en place par l’Etat n’a d’autre effet que de maintenir les personnes dans le « provisoire (qui) dure, l’urgence (qui) se pérennise ».

    Pour Manuel Domergue, la cause est claire :

    « En conséquence, si le nombre de personnes sans domicile augmente, c’est notamment parce que le flux de nouvelles personnes sans logement augmente plus vite que celui des relogements des personnes sans domicile ».

    D’autres raisons qui expliquent la dégradation de la situation

    • Les expulsions locatives qui ont culminé en 2019 à 16 700 (baisse en 2020 liée au Covid), conjuguées à l’impossibilité grandissante de retrouver un logement (précarité financière, coût de l’immobilier, faiblesse des offres de logements sociaux).
    • Les carences des politiques publiques dans les autres domaines : santé, logement, enseignement, migrants, protection sociale….qui conduisent à l’exclusion et freinent pour les sans-abri le retour au logement.
    • Une politique du logement notamment mise à mal par la baisse des APL (2017) qui ne permet pas aux sans-abri de se réinsérer parce que les prix de l’immobilier sont en hausse mais également parce que les attributions HLM n’ont jamais pris en compte les sans-abri en leur réservant une réelle priorité.

    Des solutions qui existent et qui ont fait leur preuve

    « S’appuyer sur le plan logement 2017 en levant les freins qui l’empêchent de se réaliser »
    • Augmenter et élargir l’accès aux minima sociaux
    • Assouplir les régularisations (migrants, réfugiés)
    • Prioriser les sans-abri dans les attributions HLM
    • Revaloriser les APL et les aides à la pierre (accès au logement, construction de logements sociaux et très sociaux).

    Manuel Domergue en conclut :

    « Les recettes qui marchent sont connues et ont fait leur preuve. Ce qui manque est plutôt la volonté politique pour les dynamiser et ne pas se contenter de solutions d’hébergement provisoire qui ne résolvent pas le problème à long terme »

    Sources : Article de Manuel Domergue publié le 18/11/2020 sur le site d’Alternatives économiques. www.alternatives-economiques.fr

    PB

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  • Commentaires

    1
    Maria ESCRIBANO
    Mercredi 25 Novembre 2020 à 19:39

    Il y a aussi tout un" marché de la misère" sur lequel il faudrait réfléchir et agir.

    Des marchands de sommeil qui profitent du système, hébergeant en conditions parfois indignes le plus demunis à des prix scandaleux.

    Pourquoi ne pas avoir une politique publique courageuse de construction de logement pour que les personnes qui vivent dans des hôtels sociaux y soient placés?. On ne peut pas vivre des année dans un hôtel, il faut donner l’opportunité de vivre dans de conditions dignes pour créer les conditions d'une réelle réinsertion.

    2
    Vandamme
    Jeudi 26 Novembre 2020 à 19:36

    Le 27 juillet 2017, Emmanuel Macron avait dit " d'ici la fin de l'année, je ne veux plus avoir des femmes et des hommes dans les rues" Aux voeux 2018, il avait redit "sa détermination"  à "apporter un toit à toutes celles et ceux qui sont aujourd'hui sans abri" Toute cette belle communication pour arriver dans cette situation lamentable décrite par l'article. Alors qu'il existe de nombreux logements vacants, et que de nombreux locaux appartenant à l'Etat sont eux-aussi vacants. 

    Il faut des capacités d'accueil d'urgence en nombre suffisant, mais aussi de véritables logements pour que ces personnes puisent s'insérer dans la vie sociale comme tout le monde et ainsi libèrent des places dans les centres d'accueil d'urgence. Sans la mise en place de ce flux continu vers un logement décent, le problème ne fera que perdurer. 

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